
Flix bus vs Poétibus
11/09/23 15:01

voyage à Paris
je laisse le poétibus
pour un flix bus
rouler de nuit
pour gagner du temps
et payer moins cher
un car plus vert
que l'espérance
plein comme un oeuf
posé contre le quai
le flix bus
à tête de criquet
place 5 A
celle que Dieu
m'a louée
Les musiques du voyage
11/09/23 20:17
ah, photographier cette musique
pas ses musiciens
juste la musique
dont les accents et les reliefs
me chavirent
11/09/23 20:22
transporté de G jusqu'à P
par une nuit tiède de septembre
sur des mélodies de Richter
les camions que l'on croise
ont des colliers de lumières
j'envisage mille douceurs
et de beaux sauts dans l'inconnu
à moi la folie d'une de mes histoires

11/09/23 20:49
la nuit double ses lumières
et la vitesse me trouble
je ne dormirai que d'un oeil
un casque sur les oreilles
je suis comme déjà mort
le paradis est fou de musiques
les derniers nuages sont sourds
quand bien même
j'ai des poèmes
sous les semelles
12/09/23 04:59
pas de sommeil
comme un sommeil
quand l'aube approche
Paris n'est plus
qu'à un vol de navette
j'ai mis Sona Jobarteh
dans mes oreilles
et quelques larmes de fatigue
au bord de mes yeux
on peut alors parler de voyage
et de dépaysement
littéralement s'enlever le pays
pour en enfiler un de neuf
j'arrive vivant
dans la capitale
avec une envie forte
de café noir
et d'amitié
Un dragon sur les quais
12/09/23 12:33
Quai de l'oise à Paris juste avant la pluie....

Je l'ai tout de suite vue sur le trottoir d'en face, rue de L'ourcq. Son pas décidé, ses pieds nus et son kimono détaché, lui donnant l'apparence d'un être libre.
Puis plus rien d'elle, comme disparue dans le tumulte de la ville. On m'avait dit va voir le pont suspendu, un joli quartier celui du canal.
Quand mon regard scrutateur de photographe - j'allais écrire de psychopathe, l'a repérée, elle contemplait assise l'eau verte de l'Oise. Je n'ai rien demandé. Je n'ai fait qu'une photo de son remarquable dragon. Un peu râtée...
Le manteau de pluie du poète
12/09/23 13:38

Après les longues journées caniculaires à Paris, l'averse tombe sans cesse. L'imprévoyant que je suis, privé d'imperméable ou de veste de pluie, n'a réussi qu'à se réfugier dans un bistrot parisien mêlant prix abordables et qualités gustatives. Une chance !
Nul ne songerait à se plaindre ! Mon sac à dos rempli de matériel photographique ne supporte pas l'excès d'humidité. Aussi, je vais demander au comptoir un grand sac poubelle et m'en revêtir. Croisons les doigts avant d'aller en petites sandales arpenter les quais inondés.
Le fabriquant de sourires
12/09/23 16:51

Il porte un gilet jaune et une casquette rouge. A l’angle de la rue de l’ourcq et de la rue de crimée, à Paris, il assure la sécurité des écoles. Avec sa petite raquette-stop, il met infiniment de zèle à accompagner toutes les traversées. De l’enfant à la jeune femme, groupes constitués ou gens indisciplinés, vieux messieurs et dames obèses , il a pour tous un sourire et une parole bienveillante. Quand il ne peut dire un mot, il avance un pouce dynamique ou un salut de la main. Le quartier entier semble tourner autour de ce sympathique soleil qui à l'occasion se transforme en agent de renseignements.
Il a les yeux sur tout, anticipe tout et régule tout. C’est aussi un beau fabriquant de sourires qui ne craint ni la pluie, ni les grincheux.
Le chat libraire
13/09/23 08:04

hier à Paris
j'ai rencontré le chat libraire
de la lucarne des écrivains
pour accéder à son tapis de contemplation
et de sommeil
il saute de livre en livre
s'arrête sur une pile
désigne du bout de la patte
celui qu'il vous faudra lire
et au passage prend sa réserve de caresses
le chat libraire
de la lucarne des écrivains
rue de l'Ourcq
qu'il vous faut aller rencontrer
j'ai oublié de lui demander son nom
La paix d'un sourire
13/09/23 08:09
entrer dès le matin
dans cette gratitude de la rencontre
et s'accorder à la note apaisée d'un sourire
Joyeuse... comme une enfant à la pêche au poisson
13/09/23 09:20
Préambule à la soirée lecture.


Quand j’ai parlé à Milène Tournier de faire un livre associant photos et textes, elle m’a tout de suite dit oui. Et de surcroit avec enthousiasme. Je lui ai appris que son Papa, photographe de rue lui aussi, apporterait sa contribution au projet. Une raison de plus pour que Milène se réjouisse. Nos images, liées par une thématique discrète, alterneraient et inviteraient l’écriture.
Inutile de dire la rapidité avec laquelle le projet avançait. Nous avions une banque d’images, Milène avait son inspiration. J’ai tant aimé, quand elle acceptait la photographie, la voir sauter à pieds joints dedans telle une enfant et en rapporter de vivants et nombreux poissons. C’était merveille de la voir tirer de nos épreuves minimalistes un pareil foisonnement de pensées, de sentiments, de souvenirs et en faire des poèmes aussi singuliers que diversifiés. Inutile d’en dire plus. Je vous propose de vivre à votre tour cette expérience en confrontant dans le silence trois images à votre propre imaginaire. Puis nous entendrons comment Milène les a lues. Un grand merci à François d’avoir lui aussi souscrit au projet avec le même enthousiasme. Le livre est là à présent qui ne demande qu’à vivre.
À la rencontre d'Elliott Erwitt
13/09/23 16:31

Au musée Maillol à Paris, rue de Grenelle, une exposition des photos de Elliott Erwitt, un photographe dont j'apprécie l'humour et les compositions en NB. Nous nous y rendrons en nocturne M.et moi. C'est une grande chance de voir ses photos autrement qu'en livre.
Photo d'Elliot Erwitt
Aux portes du Japon
15/09/23 10:30

Parmi les raisons de mon voyage à Paris, il y avait cette séance photos, à l'adresse d'une poétesse rencontrée à Sète. Alors que je me dirigeais vers le jardin Albert Kahn, un appel d'elle, malade, annule le rendez-vous. Je m'étais chargé hélas de pieds et de matériel assez lourd. Mais le destin est là. Il y aura le jardin, des photographies, mais pas de la belle ! Tant pis ! j'espère que ses malaises ne dureront pas.
En attendant, il fait beau. Un grand ciel bleu sur Paris, et un début d'automne dans ce splendide jardin d'agrément où il y a plus de quinze ans, je vivais un de mes premiers ginkos (balade haiku).
Jours d'ivresse
15/09/23 14:50

quatre jours d'ivresse parisienne
à marcher en compagnie
de jeunes femmes
sur les trottoirs trop étroits des vieux quartiers
à saisir des images que d'aucuns diront poétiques
à m'user chevilles et mollets
à me nourrir de poèmes, d'houmous
et de nems aux crevettes
à surprendre l'escapade de la Tour Eiffel
à partir au Japon pour une heure ou deux
à comprendre que l'argent n'a pas encore chassé tous les pauvres
à regarder les boutiques de luxe avec un certain détachement
à prier pour les usagers du métro avec leurs têtes d'enterrement
à m'émerveiller de tout
et à remercier ceux que la vie place sur mon chemin...
Vers un nouveau chemin
15/09/23 19:03
sautons le pas
courons jambes nues
vers les lumières de l'automne
l'averse lavera nos hésitations
j'ai ouïe dire
qu'un chant de paix se préparait
dans le dos des mauvais esprits
adieu l'ami je t'aimais bien tu sais
mais si tu parles le langage des morts
je ne peux plus te précéder
dans les hautes herbes
je sais où niche la poésie
craintive elle s'envole
au moindre sursaut de la voix
il faut une confiance silencieuse
pour se suivre
de ce monde profondément inhumain
il n'y a plus rien à attendre
ni les barrières
ni les masques
ni les fioles surnuméraires
ne feront revenir la joie
vite sautons le pas
un nouveau chemin nous attend
Des voyages au bout de la rue
15/09/23 21:19

avant le voyage c'est déjà le voyage
la gare routière de bercy seine
a des accents indiens
tant de nationalités présentes sur les quais
tant de couleurs sur les vêtements
les valises n'ont rien de luxueux
nous sommes ici chez les pauvres
ou les appauvris
ceux qui comptent à présent
le nécessaire
nourriture, essence, billets de bus
et laissent le superflu à leurs rêves
Chaise... musicale
15/09/23 22:29

sur la grande avenue qui mène à la seine
une chaise vide
pleine de présence
j'ignore ce qu'elle fait là
devant la grille de la résidence
pas si l'air jetée
promise au rebut
l'air plutôt debout
bien sur ses assises
et somme toute confortable
je l'emporte avec moi
dans mon appareil photo
et pour briser sa solitude
je vous invite à l'essayer
fermez les yeux
et visualisez cette chaise
imaginez votre céans
posé dessus
et dites lui qu'elle est belle
juste comme ça
qu'elle est la plus belle des chaises
Sur le départ
15/09/23 au soir
PARIS chemin du retour

Un voyage de nuit en Flixbus
J'avais promis à Milène de relater les épisodes de mon retour sur Montpellier. Hélas, je n'ai pas son talent d'improvisation et mes " vocaux" ou "clips audios" manquaient singulièrement d'intérêt. Alors, je reprends la plume en accompagnant chaque image d'un petit texte.
Toujours en avance sur mes départs, je passe une longue attente à la terrasse d' un café-restaurant de Bercy. Comme d'habitude, on m'oublie et puis ensuite c'est ma commande qui tarde à me parvenir. Il est 19 h. Mon bus vert pomme est à 21 h. J'ai le temps de commander une omelette-salade-frites et une petite bouteille d'eau gazeuse.

Le soir tombe sur de jeunes gymnastes noirs. Ils sont là à se muscler sur une plateforme de sports devant la gare routière de Bercy Seine.
Certains n'ont que le soucis d'attendre leur bus ou de vendre à la sauvette un peu d'eau ou des cigarettes.
La gare de Bercy Seine, c'est un beau mélange de gens, de couleurs et de langues.
ah, j'aimerais tant que la compagnie flixbus et blablacar me commandent un reportage photographique sur ces belles fréquentations. Il y a de si beaux portraits à réaliser.

Avant de voir le numéro de quai apparaitre sur l'écran indicateur, beaucoup de temps s'écoule en position verticale. Pas de chance, notre flix bus venant de Bruxelles a du retard.
Il sera conduit par une barcelonaise joyeuse.
Chacun ou chacune prend place où il le souhaite. Les numéros de réservation ne fonctionnent pas sur ce bus là.
Je me retrouve seul pour un voyage de 10 h. Je ne fermerai pas l'oeil ou juste pour dire.
J'aurai parfois un peu peur sur l'autoroute quand l'averse mouillera le bitume et que la
conductrice gardera la même vitesse sur la voie du milieu.
Même en poussant les asa ou iso de mon appareil photo, je ne parviendrai pas à faire de belles images de nuit. La prochaine fois, je me mettrai sur les premieres places de devant, face à la route.

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